Mardi, même s’ils n’ont pas gagné le Sénat, les républicains ont largement gagné les élections de mi-mandat, infligeant à Barack Obama une lourde défaite, comme Bill Clinton en 1994. Que cela signifie pour le président étasunien et la démocratie du pays ?
Une lourde défaite des démocrates
Bien sûr, le fait que les démocrates gardent le Sénat, ou que quelques figures du Tea Party aient mordu la poussière peuvent faire croire que le résultat n’est pas si mauvais pour l’administration en place. Mais il n’en est rien. Il ne faut pas oublier que le Sénat était seulement renouvelé d’un tiers et que, grosso modo, les républicains ont gagné deux fois plus de sièges que les démocrates, qui ne conservent leur majorité que grâce aux sièges gagnés il y a deux ans.
De même, la majorité républicaine au Congrès peut paraître relativement peu élevée (239 représentants contre 183 pour les démocrates). Cependant, il ne faut pas oublier qu’aux Etats-Unis, les ravages du redécoupage électoral atteignent des sommets, avec beaucoup de circonscriptions taillées sur mesure pour ne jamais changer de couleur politique, quelques soient la force des vagues électorales. La majorité républicaine est donc très forte et représente un grand succès.
Une démocratie abîmée
Cette élection démontre à nouveau les carences des institutions étasuniennes qui imposent des campagnes tous les deux ans et ne laissent finalement que quelques mois au gouvernement pour travailler sereinement. Car dès à présent, la préparation des primaires va dominer l’agenda politique puisque les électeurs vont voter dès le mois de janvier 2012... En outre, le pays n’a plus de direction politique claire et rien ne devrait avancer pendant les deux prochaines années.
Enfin, ces élections ont également été celles de l’argent : quatre milliards de dollars ont été dépensés ! Et avec la liberté de parole, les campagnes électorales ont été d’un niveau effroyablement bas, se limitant à des polémiques stériles et souvent diffamatoires. Petite lueur d’espoir : Meg Whitman n’est pas parvenue à acheter le poste de gouverneur de Californie, malgré un budget de campagne d’environ 150 millions de dollars (l’équivalent du budget publicitaire de L’Oréal en France en un an !).
Si la défaite de Barack Obama n’est pas aussi cinglante que certains l’imaginaient, le coup de barre à droite est tout de même violent. Il est difficile de ne pas y voir, malheureusement, un terrain favorable à une candidature de Sarah Palin pour les élections présidentielles de 2012.
Laurent Pinsolle